« La santé mentale, ça touche aussi les arbitres »

« La santé mentale, ça touche aussi les arbitres »

« En quoi consistait votre collaboration avec l’UEFA de 2005 à 2011 ?
J’ai suivi beaucoup d’arbitres de haut niveau dans les compétitions de l’UEFA, l’Euro 2008, les Coupes d’Europe. Je les ai accompagnés dans leur défi de gestion, de prise de décision rapide, dans des conditions de très haute pression de la part du public, des institutions, des Fédérations qui gèrent leur formation.

C’était à la fois un travail de psychologie et de préparation mentale qui impliquait la communication, le langage non verbal, la gestion des émotions, la confiance, le “team work” et de la concentration.

A-t-on eu trop longtemps tendance à oublier cet aspect ?
La force mentale était une qualité implicite, l’arbitre étant exposé à une très grande pression et doté d’un énorme perfectionnisme qui fait que chaque erreur peut être synonyme d’une grosse critique, voire d’une exclusion. Au regard de ce degré d’attentes, la nécessité de développer la force mentale est un requis tout au long de la carrière d’un arbitre, en commençant dès le niveau régional chez les jeunes de 16 ans qui trop souvent doivent subir de la maltraitance de la part des parents et du public, moins des joueurs. Ensuite, au travers de la progression dans les différentes Ligues, tous les paliers sont des échelons importants qui peuvent être atteints au travers d’un travail très approfondi pour être en mesure d’assurer ce type de fonction au plus haut niveau. Où la pression est encore plus forte au regard des résultats et de leur implication financière.

« On sait combien les arbitres sont sujets à des agressions, physiques, psychologiques ou verbales. C’est excessif et abusif »

Que pensez-vous de l’initiative de la France, longtemps après celle de l’UEFA ?
Ça aurait pu se faire bien avant de façon officielle et systématique, mais aujourd’hui, les temps sont mûrs pour une approche durable. La question de la santé mentale dans le sport est devenue importante. On a assisté en effet à pas mal d’épisodes de maltraitance chez des athlètes qui en ont eu le courage d’en parler, Michael Phelps, Simone Biles (*)… Des épisodes de suicides ou autres dans le foot, aussi. Ces épisodes ont ouvert les yeux sur l’importance de la santé mentale, l’extrême pression que les sportifs vivent et l’importance de prévenir cela. Ça touche aussi les arbitres : on sait combien ils sont sujets à des agressions, physiques, psychologiques ou verbales. C’est excessif et abusif. Alors, il est réjouissant que la Fédération française ait pris cette initiative, que je salue. »

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