Fonseca en larmes après la victoire de l’OL

C’était un sprint libérateur, une manière d’évacuer la tension bien plus saine que le week-end dernier et belle à voir, celle-ci, sous un parcage lyonnais en furie dans un stade qui l’était tout autant. Quand Malick Fofana a fermé son pied pour inscrire le but du 2-1 dans un moment charnière (86e), car le FCSB poussait fort, Paulo Fonseca s’est mis à courir sur la pelouse à pleine vitesse jusqu’au poteau de corner, pour sauter sur ses joueurs qui venaient de prendre un avantage déterminant en vue du match retour, jeudi prochain au Groupama Stadium.
Ce n’était pas non plus le moment le plus émouvant du match pour le Portugais, qui aura donc craqué deux fois en cinq jours : la première, dimanche contre Brest (2-1), il a gravement fauté, il le sait, en s’en prenant à l’arbitre Benoît Millot en fin de match, et son pétage de plombs le privera de banc en France jusqu’au 30 novembre ; la seconde, jeudi à Bucarest, l’a laissé gorge nouée et en larmes, seul dans sa zone technique, quelques secondes après que ses joueurs sont tous venus l’étreindre au moment de l’ouverture du score de Nicolas Tagliafico (30e).
Corentin Tolisso et Moussa Niakhaté furent les premiers à lancer le mouvement, un symbole puisqu’ils avaient été tous les deux exemplaires et responsables, dimanche, en empêchant leur entraîneur de revenir à la charge sur M. Millot. « C’était un moment très émouvant, a réagi Fonseca. Avoir le soutien de tous mes joueurs comme ça, c’est le plus important pour moi. C’était un beau moment, un moment qui montre que nous sommes soudés. C’est un peu tout cela qu’il s’est passé dans ma tête. Je reste calme, serein, car je sens tout le club derrière moi. »
« Cette victoire est à 100 % pour le coach »
L’OL ne dédouane pas son coach pour son geste et va le sanctionner financièrement, mais il a aussi choisi de faire corps autour de lui, dans la roue de John Textor. Et le coup de massue de sa sanction inédite, tombée mercredi soir et jugée « trop sévère » dans un communiqué, a renforcé ce lien. Le club va d’ailleurs bientôt faire appel.
« J’espère que les recours permettront d’arriver à la justice, a enchaîné le Portugais. C’est normal que je sois puni. Mais j’ai neuf mois de punition pour une situation pour laquelle j’ai immédiatement présenté mes excuses. Il y a un cirque médiatique qui continue à dire que j’ai agressé physiquement l’arbitre, alors que tout le monde peut voir que ce n’est pas le cas. Je n’en ai jamais eu l’intention, je ne l’ai pas touché (*), c’était une agression verbale que je regrette. J’ai payé pour la situation générale du football français, car ma punition est plus lourde que celles par le passé pour des cas similaires. »
Ce discours a infusé, à l’OL, et tout le monde s’en est emparé, jeudi, pour soutenir Fonseca dans la tempête. « Le coach est une bonne personne, ce sont des choses qui arrivent dans le football », a dit Perri, avant que Rayan Cherki ne prononce les mots les plus forts : « Quand on a vu sa suspension, ça nous a touchés, a admis l’international Espoirs. On avait vraiment envie de tout donner pour lui. Il nous donne de la joie, de la bonne humeur, de la confiance. On veut lui rendre car c’est quelqu’un de très bien, il le mérite. Cette victoire est à 100 % pour le coach, elle n’est pas pour moi, ni pour Alex (Lacazette), ni pour Coco (Tolisso)… pour personne mis à part lui. On va attendre de voir la fin de cette histoire et on va s’adapter. »
L’adaptation commencera à Nice, dimanche, dans un choc décisif dans la course à la Ligue des champions. Sans Fonseca, privé de banc et de vestiaires (alors que l’entraîneur niçois, Franck Haise, sera lui aussi suspendu). « On travaille pour trouver des solutions, a promis le technicien lyonnais. Le plus important reste le travail qu’on fera pendant la semaine, afin que tous les joueurs sachent exactement quoi faire en match. Je crois beaucoup en mon staff technique et nous serons prêts. »
L’ex-coach de l’AC Milan aura aussi l’occasion de respirer en Ligue Europa en retrouvant des conditions normales de travail, car la FFF n’a pour l’instant pas l’intention de demander l’extension de sa sanction au monde entier. Les quarts semblent déjà en vue, après l’avantage gagné à Bucarest, et pourraient proposer Manchester United – qui a fait 1-1 sur le terrain de la Real Sociedad – à l’OL. S’asseoir sur le banc visiteur à Old Trafford, en attendant la suite, serait une belle manière d’égayer un quotidien qui s’annonce bien compliqué, en Ligue 1, pour les neuf prochains mois.